La plupart des sources – mais pas toutes- prescrivent d’écrire « au temps pour moi » plutôt que « autant pour moi ».
On l’explique en disant que l’expression est à la fois d’origine militaire (il s’agit alors du « temps » du maniement d’arme à l’exercice, et l’officier dit « au temps pour moi » lorsqu’il est lui-même à l’origine d’une erreur de tempo) ET d’origine musicale (même idée avec le chef d’orchestre lui-même cause d’une erreur de temps dans le rythme musical).
A mon humble avis, toutes les « explications » qui font intervenir une double origine sont particulièrement idiotes : une même expression recouvrant une même signification ne naît pas en même temps dans des milieux aussi différents qu’une cour de caserne et une fosse d’orchestre. Il y a forcément antériorité d’un côté et simple adoption de l’autre puis passage au langage courant.
Rien ne permet à ce stade de décider qui des militaires ou des chefs d’orchestre sont à l’origine réelle de l’expression. Ce sont les militaires qui sont le plus souvent cités. A titre personnel, je les trouve pourtant les moins crédibles (mais, suis-je bien objectif ?) : j’imagine mal, en effet, un officier devant s’excuser auprès de la troupe à chaque erreur qu’il commettrait, et devant le faire à ce point systématiquement qu’il en naîtrait une expression nouvelle. Les relations entre supérieurs et subalternes sont réglées par des conventions plus basiques au sein de l’armée, non ? A la limite, c’est l’homme de troupe qui devra s’excuser quand l’officier fait une erreur…
Bon, mais moi je n’ai pas fait l’armée.
Plus intellos, plus subtils et plus roublards, les chefs d’orchestre me paraissent être de meilleurs candidats. Et à leur crédit, signalons que l’expression existe aussi en Italien (Al tempo !) avec le même sens. Chacun sait que les Italiens se sont plus distingués par leurs qualités musicales que par leur fougue militaire, et c’est tout à leur honneur. Mais, me dira-t-on, faire l’exercice de maniement d’arme dans une cour de caserne ne nécessite ni fougue extrême, ni courage hors du commun. D’accord. Mais pas non plus beaucoup d’imagination, qu’elle soit langagière ou autre…
Certains diront (personne ne l’a encore fait, mais autant devancer la chose…) que face à cette angoissante question, il suffirait de trouver un compromis élégant. On hésite entre le milieu militaire et le milieu musical ? Qu’à cela ne tienne ! Il y a des musiques militaires. A cela je répondrai que la linguistique n’est pas la politique et que la recherche du compromis, même élégant, ne fait pas franchement avancer les choses.
Que conclure de tout ça ? Que l’expression, d’où qu’elle vienne, semble naître du fait qu’un dominant quelconque (militaire, musical ou autre) a admis un jour avoir fait une erreur de tempo. C’est bien de l’avoir admis. Les domaines dans lesquels le tempo peut avoir de l’importance sont assez nombreux. Il en est un qui n’est pas cité dans les sources dont j’ai pris connaissance et qui pourtant fait la joie de nombreuses personnes dans le monde : françaises, italiennes ou laponnes, manieuses de baguettes ou de sabres (mais pas de goupillons en principe), hommes ou femmes (souvent hommes et femmes). Dans cette activité –n’en déplaise aux vieux machos- le statut de dominant découle uniquement de la position adoptée pendant la phase d’exercice considérée : on est dominant lorsqu’on est au-dessus et donc en mesure de commander le rythme.
C’est dit, j’adopte.
Les recherches récentes sur l’origine de l’Homme viennent d’ailleurs conforter ma thèse. L’acquisition de la bipédie a permis que se mettent en place des organes de la phonation capables de produire une multitude de sons autorisant un langage élaboré. Dans le même temps (ou presque : à cette échelle, que sont quelques millions d’années, je vous le demande ?), l’être quasi humain a modifié profondément ses habitudes sexuelles et a notamment découvert la copulation face-à-face ce qui lui permettait de communiquer en même temps qu’il ahanait. Tout est là : découverte du langage et de l’érotisme sont liés.
« Au temps pour moi » est la première phrase prononcée par une femme ou un homme dans ces circonstances torrides particulières. Aveu d’échec sans doute, ce qui nous montre combien le plaisir est subtil, fuyant et toujours à redécouvrir, mais aussi (dans le non-dit) promesse de jouissances améliorées et renouvelées. « Au temps pour moi » est l’expression fondatrice de l’humanité.
Vous voyez bien que ça ne pouvait pas être un militaire.
Et lorsque certains linguistes et grammairiens cacochymes viennent vous dire qu’il faut écrire « autant pour moi », comme tout le monde et comme le simple bon sens le commande, ils paraissent un peu légers vous en conviendrez. Ils ont beau grincer entre leurs dents jaunies que toutes les fumisteries expliquant la thèse du « Au temps pour moi » ne sont que pédanteries surannées, nous nous contenterons de sourire finement, sachant que l’expression est née du premier coït facial et qu’elle précède de peu le premier orgasme ayant traversé les fondements féminins et masculins d’une secousse unique.
Et si je me trompe, ôtant pour moi.
On l’explique en disant que l’expression est à la fois d’origine militaire (il s’agit alors du « temps » du maniement d’arme à l’exercice, et l’officier dit « au temps pour moi » lorsqu’il est lui-même à l’origine d’une erreur de tempo) ET d’origine musicale (même idée avec le chef d’orchestre lui-même cause d’une erreur de temps dans le rythme musical).
A mon humble avis, toutes les « explications » qui font intervenir une double origine sont particulièrement idiotes : une même expression recouvrant une même signification ne naît pas en même temps dans des milieux aussi différents qu’une cour de caserne et une fosse d’orchestre. Il y a forcément antériorité d’un côté et simple adoption de l’autre puis passage au langage courant.
Rien ne permet à ce stade de décider qui des militaires ou des chefs d’orchestre sont à l’origine réelle de l’expression. Ce sont les militaires qui sont le plus souvent cités. A titre personnel, je les trouve pourtant les moins crédibles (mais, suis-je bien objectif ?) : j’imagine mal, en effet, un officier devant s’excuser auprès de la troupe à chaque erreur qu’il commettrait, et devant le faire à ce point systématiquement qu’il en naîtrait une expression nouvelle. Les relations entre supérieurs et subalternes sont réglées par des conventions plus basiques au sein de l’armée, non ? A la limite, c’est l’homme de troupe qui devra s’excuser quand l’officier fait une erreur…
Bon, mais moi je n’ai pas fait l’armée.
Plus intellos, plus subtils et plus roublards, les chefs d’orchestre me paraissent être de meilleurs candidats. Et à leur crédit, signalons que l’expression existe aussi en Italien (Al tempo !) avec le même sens. Chacun sait que les Italiens se sont plus distingués par leurs qualités musicales que par leur fougue militaire, et c’est tout à leur honneur. Mais, me dira-t-on, faire l’exercice de maniement d’arme dans une cour de caserne ne nécessite ni fougue extrême, ni courage hors du commun. D’accord. Mais pas non plus beaucoup d’imagination, qu’elle soit langagière ou autre…
Certains diront (personne ne l’a encore fait, mais autant devancer la chose…) que face à cette angoissante question, il suffirait de trouver un compromis élégant. On hésite entre le milieu militaire et le milieu musical ? Qu’à cela ne tienne ! Il y a des musiques militaires. A cela je répondrai que la linguistique n’est pas la politique et que la recherche du compromis, même élégant, ne fait pas franchement avancer les choses.
Que conclure de tout ça ? Que l’expression, d’où qu’elle vienne, semble naître du fait qu’un dominant quelconque (militaire, musical ou autre) a admis un jour avoir fait une erreur de tempo. C’est bien de l’avoir admis. Les domaines dans lesquels le tempo peut avoir de l’importance sont assez nombreux. Il en est un qui n’est pas cité dans les sources dont j’ai pris connaissance et qui pourtant fait la joie de nombreuses personnes dans le monde : françaises, italiennes ou laponnes, manieuses de baguettes ou de sabres (mais pas de goupillons en principe), hommes ou femmes (souvent hommes et femmes). Dans cette activité –n’en déplaise aux vieux machos- le statut de dominant découle uniquement de la position adoptée pendant la phase d’exercice considérée : on est dominant lorsqu’on est au-dessus et donc en mesure de commander le rythme.
C’est dit, j’adopte.
Les recherches récentes sur l’origine de l’Homme viennent d’ailleurs conforter ma thèse. L’acquisition de la bipédie a permis que se mettent en place des organes de la phonation capables de produire une multitude de sons autorisant un langage élaboré. Dans le même temps (ou presque : à cette échelle, que sont quelques millions d’années, je vous le demande ?), l’être quasi humain a modifié profondément ses habitudes sexuelles et a notamment découvert la copulation face-à-face ce qui lui permettait de communiquer en même temps qu’il ahanait. Tout est là : découverte du langage et de l’érotisme sont liés.
« Au temps pour moi » est la première phrase prononcée par une femme ou un homme dans ces circonstances torrides particulières. Aveu d’échec sans doute, ce qui nous montre combien le plaisir est subtil, fuyant et toujours à redécouvrir, mais aussi (dans le non-dit) promesse de jouissances améliorées et renouvelées. « Au temps pour moi » est l’expression fondatrice de l’humanité.
Vous voyez bien que ça ne pouvait pas être un militaire.
Et lorsque certains linguistes et grammairiens cacochymes viennent vous dire qu’il faut écrire « autant pour moi », comme tout le monde et comme le simple bon sens le commande, ils paraissent un peu légers vous en conviendrez. Ils ont beau grincer entre leurs dents jaunies que toutes les fumisteries expliquant la thèse du « Au temps pour moi » ne sont que pédanteries surannées, nous nous contenterons de sourire finement, sachant que l’expression est née du premier coït facial et qu’elle précède de peu le premier orgasme ayant traversé les fondements féminins et masculins d’une secousse unique.
Et si je me trompe, ôtant pour moi.
Subtilité et nuances toujours. Ou comment passer de la musique militaire au coït facial? Pour autant (au temps?) je ne me sens pas grammairien cacochyme et je crois que j'en resterai quand même à autant pour moi.
je les trouve [les militaires] pourtant les moins crédibles (mais, suis-je bien objectif ?)
...
A la limite, c’est l’homme de troupe qui devra s’excuser quand l’officier fait une erreur…
Bon, mais moi je n’ai pas fait l’armée.
...
les Italiens se sont plus distingués par leurs qualités musicales que par leur fougue militaire, et c’est tout à leur honneur.
Tu es un peu tendre avec les militaires.
Cette corporation honnie ne le mérite pas.
Ils ne méritent même pas l'encre pour les conspuer et stigmatiser leur incommensurable bêtise et inhumanité.
Il se trouvera toujours de vieux réacs pour prétendre que sans le sacrifice suprême de milliers de pauvres couillons qui sont venus salir nos plages de leur sang étranger nous parlerions tous allemand, mais ne les écoute pas : ce sont des nostalgiques qui brandissent le calicot "Si vis pacem para bellum".
Osons le clamer : il est temps de démanteler ce repaire de fascistes dangereux pour la démocratie et d'écarter définitivement le spectre du putsch, qu'il s'agisse des menées de 1961 ou de la mégalomanie d'un Petit Caporal.
De toutes façons, notre armée ne sert plus à rien, d'autres que nous se chargent de la Police mondiale. Et nous avons la Bombe, alors...
Les puissances changent, la connerie reste.
Et tu as bien raison de dédouaner les italiens, les légions romaines n'étaient qu'un ramassis de tapettes à côté de la bande d'alcolos réfugiés aux armées, sous le prétexte fallacieux qu'on n'a pas voulu d'eux aux PTT ou à la SNCF !
Voilà qui me rappelle une anecdote concernant les chefs d'orchestre, et leur exceptionelle longévité. Oui parce qu'il paraît que les chefs d'orchestre ont une espérance de vie plus élevée que le reste de la population. Il se trouve même des mauvaises langues pour attribuer cette exceptionelle longévité à leur tempérament "dictatorial", chaque manifestation d'autorité leur donnant droit à quelques minutes - voire quelques heures - de vie supplémentaires.
Si cette hypothèse est juste, cela devrait marcher aussi pour les militaires, du moins pour les haut-gradés (quoique, pour les militaires, avec les risques du métier...)
Voilà peut-être une nouvelle hypothèse pour l'origine de cette expression "au temps de gagné".
Mais qu'à cela ne tienne, Bolcho, je trouve que ton explication est bien plus belle... et elle m'a beaucoup amusée,
Merci!
Si cette hypothèse est juste, cela devrait marcher aussi pour les militaires, du moins pour les haut-gradés (quoique, pour les militaires, avec les risques du métier...)
Voilà peut-être une nouvelle hypothèse pour l'origine de cette expression "au temps de gagné".
Mais qu'à cela ne tienne, Bolcho, je trouve que ton explication est bien plus belle... et elle m'a beaucoup amusée,
Merci!
On reconnaît là l'infaillible humour discret et si subtil de Bolcho qui n'écrit jamais pour dire une bêtise. La fine intelligence teintée d'une ironie légitime.
Et l'art de poser les questions qui font mouche.
Quant à moi, jamais je n'aurais songé à cet "au temps pour moi". Convaincue entièrement, je me tiendrai à ta théorie, envers et contre tout! Même couteau sous la gorge... ;o)
Et l'art de poser les questions qui font mouche.
Quant à moi, jamais je n'aurais songé à cet "au temps pour moi". Convaincue entièrement, je me tiendrai à ta théorie, envers et contre tout! Même couteau sous la gorge... ;o)
Délicieux, comme d'hab! N'aurais-tu pas écrit quelques articles de l'encyclopédie de Gelluck?? Même humour décapant. Du vrai bonheur, quoi!
Bolcho merci pour ce morceau d'anthologie. Personnellement j'utilise "au temps" depuis toujours, j'ai bien trouvé ici et là des explications oiseuses pour déterminer l'expression la plus juste susceptible de plaire aux puristes, sans trouver vraiment la réponse et surtout sans rire. Alors que là, au moins, j'ai ri... Rien que pour ça, merci.
Suis allé voir sur le net et ai constaté que je ne suis pas le premier à m'être lâché sur la question. Je suis resté très sage tout compte fait dans la mesure où je n'ai fait que mettre en scène une des hypothèses les plus sérieuses. Les autres, vous pourrez le contater, ont déliré comme des bêtes, là:
http://www.langue-fr.net/index/A/au_temps-bis.htm
http://www.langue-fr.net/index/A/au_temps-bis.htm
Et depuis quand compte-t-on "octante" en Belgique?!
Non, non, Bolcho, ton explication est définitivement la plus rigoureuse ;-)...
A part ça, 14h à Hamilton, oh temps pour moi de me remettre au travail après un déjeuner/dîner (Français ou Belges, biffez la mention inutile) bien tardif...
A plus tard...
Non, non, Bolcho, ton explication est définitivement la plus rigoureuse ;-)...
A part ça, 14h à Hamilton, oh temps pour moi de me remettre au travail après un déjeuner/dîner (Français ou Belges, biffez la mention inutile) bien tardif...
A plus tard...
L'explication du coup de téléphone entre Deferre et Baudis me plaît beaucoup...
L'explication du coup de téléphone entre Deferre et Baudis me plaît beaucoup...
Au secours! Je ne comprends rien! Suis je devenu brutalement obtus?
Je fais référence au site que propose Bolcho. Un des participants explique l'origine de l'expression "au temps pour moi" grâce à un coup de téléphone entre Deferre et Baudis. C'est tout!
Merci Benoit, je n'étais pas allé voir le site.
Et depuis quand compte-t-on "octante" en Belgique?!
Depuis jamais. Rien que pour ça, je leur ôte toute crédibilité!! ;o))
C'est Bolcho qui a raison, que je dis!
Suis allé voir sur le net et ai constaté que je ne suis pas le premier à m'être lâché sur la question. Je suis resté très sage tout compte fait dans la mesure où je n'ai fait que mettre en scène une des hypothèses les plus sérieuses. Les autres, vous pourrez le contater, ont déliré comme des bêtes, là:
http://www.langue-fr.net/index/A/au_temps-bis.htm
Vraiment bizarre, cette découverte a posteriori ..j'en ris...
Et les autres sont bêtes ...une bien malhonnête façon de se jeter des fleurs, de s'arroser la tronche. Ça ne diffère guère du fait de se taper la poitrine en éructant des "ouh".
Pffh (soupir).
Pffh (soupir).
Un soupir d'hippopotame je suppose
Merci Bolcho. Vaut toujours mieux s'adresser au Bon Dieu qu'à ses Saints. (ça te fait quoi d'être qualifié de Bon Dieu ?!)
Et un passage, au passage, du troll sous l'ineffable sobriquet de Saint Cerf.
Et un passage, au passage, du troll sous l'ineffable sobriquet de Saint Cerf.
Hilarant, cet au temps pour moi ! Y a pas à dire... ;-))
"Et lorsque certains linguistes et grammairiens cacochymes viennent vous dire qu’il faut écrire « autant pour moi », comme tout le monde et comme le simple bon sens le commande, ils paraissent un peu légers vous en conviendrez. "
Je réalise brutalement avoir les dents jaunies, être cacochyme et léger en prime. Diable !
Va falloir assumer !
Je réalise brutalement avoir les dents jaunies, être cacochyme et léger en prime. Diable !
Va falloir assumer !
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