Le Serpent et la Lance, tome 2: Maison-vide
de Hub

critiqué par Blue Boy, le 3 mai 2024
(Saint-Denis - - ans)


La note:  étoiles
Qui a peur du grand méchant Nagual ?
Aux quatre coins du royaume aztèque, des cadavres momifiés de jeunes filles disparues sont découverts et leur nombre ne cesse de croître, tel un mauvais présage pour la puissante cité de Tenochtitlan. Le cruel Serpent, en tant qu’officier de justice, aura pour mission d’élucider ce mystère, tandis qu’Œil-Lance est appelé par son vieil ami Cozatl, membre du conseil et prêtre influent, afin de mener discrètement une enquête en parallèle. Mais les trois hommes sont loin d’être des étrangers les uns pour les autres : en effet, ils ont tous fréquenté la même école dans leur jeunesse, Serpent n’ayant laissé aucun bon souvenir à ses deux camarades. Un message d’Ombre-Montagne, son ancien maître décédé, invite Œil-Lance à reprendre l’enquête que lui-même avait menée jadis, car en effet, le tueur est de retour. Alors qu’une momie est retrouvée pour la première fois à Tenochtitlan, Œil-Lance, lors d’une crise d’épilepsie favorisée par les potions de la vieille chamane Mixtèque, est en proie à des visions qui le replongent dans son passé où couraient des rumeurs sur cette légendaire créature soupçonnée d’enlever les adolescentes : le terrifiant Nagual !

Afin de ne pas perdre le fil, il est indispensable de faire des résumés un peu étirés, et c’est le cas avec ce nouveau tome, car l’intrigue de cette incroyable série est assez complexe… On salue d’ailleurs l’initiative de l’éditeur d’avoir lui-même repris les principaux éléments du tome précédent en début d’ouvrage. Entre les flashbacks récurrents et les nombreux personnages (parfois pas toujours aisément identifiables), il y a de quoi en perdre son… aztèque, mais l’univers du « Serpent et la Lance » est si fascinant que l’effort en vaut la peine.

Cette enquête policière qui nous immerge dans l’univers aztèque antérieur aux conquêtes espagnoles se poursuit avec quelques rebondissements, souvent assez gores, et c’est sur le personnage de Maison-Vide, ancien camarade d’Œil-Lance, que va se centrer ce second volet. Celui qui dans leurs jeunes années semblait enfermé dans un mutisme quasi-permanent bénéficiait d’un don exceptionnel de mémoire. A l’époque, c’est lui qui découvrit une momie de jeune fille dans les champs à proximité de leur école. Œil-Lance a pu retrouver sa trace alors que, appelé par son vieil ami Cozatl, il a dû rejoindre la cité de Tenochtitlan suite aux nombreux meurtres qui n’ont jamais cessé et se sont amplifiés ces derniers temps. Comme ses camarades, l’adulte qu’est désormais Maison-Vide est resté dans le même état cataleptique mais se souvient des événements de cette fameuse journée, où il assista à une mystérieuse discussion entre leur maître Ombre-Montagne et deux prêtres de Tlaloc qui semblaient vouloir dissimuler l’affaire… Œil-Lance va ainsi faire appel à la prodigieuse mémoire de Maison-Vide pour espérer faire avancer l’enquête.

Le trait de Hub, très impressionnant par son sens du détail, reste acéré et les visages semble avoir été dessinés au couteau. Tout est très maîtrisé dans la forme, le cadrage est nerveux et l’ensemble bénéficie d’une magnifique mise en couleurs entre ombres et lumières de Li.

Ce volet, malgré la tension qui imprègne l’atmosphère, ne livre pas encore de révélations stupéfiantes sur cette lugubre affaire, mais donnera lieu à un retournement de situation, toutes proportions gardées, avec un glissement des amitiés et des alliances anciennes. En cela, les personnages sont plutôt bien creusés, et l’on découvre que même le cruel Serpent est capable d’intelligence et de magnanimité, quand bien même ces aptitudes ne sont motivées que par son ambition démesurée.